Le groupe Key Plastics, c’est quatre sites de production de pièces pour l’automobile : Bellême (Orne), Rochefort (Charentes-Maritimes), Voujeaucourt (Doubs) et un site en Slovaquie. Il fabrique principalement par « soufflage » des conduits d’aérateurs de ventilation de tableaux de bord . Cette production est exclusivement destinée à l’automobile.
Le comportement de la direction du groupe a alerté l’équipe CFDT et le syndicat Chimie Energie Franche-Comté. Depuis plusieurs années, la direction a cherché à ralentir, voire supprimer l’activité sur le site de Voujeaucourt. En 2008, la direction n’a pas hésité à faire pression sur le CE, pour substituer un nouveau recours à Syndex à une augmentation des salaires. La direction a même repoussé l’élaboration d’un plan de sauvegarde de l’emploi en 2007.
Fabienne Cadario (déléguée syndicale du site de Voujeaucourt) : « En 2007, la CFDT a refusé de signer l’accord de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC), tant son contenu était vide. Des actions anticipatrices auraient sans doute permis d’atténuer les difficultés actuelles. Il a fallu toute notre détermination et la mise en redressement judiciaire du groupe pour enfin ouvrir un plan social début 2009. Pourtant, au vu des perspectives d’activité pour 2009, et sous réserve d’une modification de la politique de gestion de la direction, le site de Voujeaucourt est encore viable. Aujourd’hui, on s’interroge sur les propos incohérents de la direction annonçant d’un côté la reprise du site et de l’autre, sa fermeture. »
A Voujeaucourt, l’équipe CFDT a su mobiliser l’ensemble des salariés : plusieurs grèves avec occupation des locaux, manifestation dans les rues de la ville avec distribution de tracts. De son côté, le syndicat Chimie Energie Franche-Comté a mobilisé tous les élus politiques locaux, régionaux et nationaux, la presse écrite, la radio, la télé, pour mettre sur la place publique ces dérives.
Michel Bassani (secrétaire du syndicat Franche-Comté) : « Nous considérons que la situation actuelle de cette entreprise (cessation des paiements) est un non-événement. Il s’agit purement et simplement d’un moyen choisi par la direction pour conduire à moindre coût la restructuration du groupe, ceci au détriment des salariés. Nous avons aussi dénoncé à plusieurs reprises auprès des élus ces procédés managériaux qui aboutissent au transfert du coût des licenciements à la collectivité et aux pouvoirs publics. »
Sandra Parent (secrétaire adjointe du syndicat) : « On constate que le comportement de la direction, et par voie de conséquence la situation du site Franc-Comtois devient emblématique. Le cas «Key Plastics» n’est finalement pas isolé. Certains employeurs profitent de la crise pour anticiper la purge de leurs effectifs. Nous ne sommes pas certains que les entreprises utilisent tous les moyens déjà existants (GPEC, DIF, etc..) quand elles en ont les capacités, pour anticiper les reconversions des salariés, ou développer la recherche pour se diversifier.»
De son côté le gouvernement vient d’annoncer un énième plan de relance. Une nouvelle fois, c’est la collectivité qui va tenter de venir au secours des salariés ! Pourtant, donneurs d’ordre et actionnaires ont bien une «responsabilité industrielle et sociale» à maintenir les activités de production chez les sous-traitants dans un bassin d’emploi qui fait vivre des milliers de salariés, de façon directe ou indirecte.
Pour Key Plastics, à Voujeaucourt, le syndicat Franche-Comté reste mobilisé au côté des salariés car les six prochains mois seront difficiles voire décisifs.